Pour sa 76e édition, la manifestation ouvre une nouvelle salle et ambitionne d’attirer plus de 150000 spectateurs à l’avenir contre environ 35000 aujourd’hui.
Décalé de juillet à fin août en raison de l’arrivée duTour de Francesur la promenade des Anglais, leNice Jazz Festivala été programmé non pas en juillet, mais du 20 au 23 août. Mais les plus grands changements concernent moins les dates que les affiches pour la plus ancienne manifestation du genre qui compte se différencier toujours plus deMarciac,Montreux,Juan-les-Pins,Vienne ou même Marseille Jazz des cinq continents.
Sébastien Vidal, le directeur artistique du Nice Jazz Festival, veut regarder plus loin et ouvrir toujours plus sa programmation à d’autres horizons. Pour ses quatre soirées, il reçoit bien sûr des pointures du genre, comme le saxophoniste Kenny Garrett, le pianiste Monty Alexander, l’amoureux de la Nouvelle Orléans Jon Cleary. Mais il les intercale avec d’autres genres; le public découvrira le rappeur américain Nas, le groupe de pop rock français Phoenix ou le chanteur franco-camerounais Yamê, qui a fait les premières parties de Stromae en 2023.
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«Le jazz influence le hip-hop»
Un grand écart que Sébastien Vidal assume. «Le jazz est partout, il se glisse dans les samples, les rythmes, l’inspiration de toutes les musiques actuelles, estime-t-il. Un fan de Phoenix sera heureux de découvrir le groove éthiopien du mythique Mulatu Astatké et danser avec la meute de Dabeull. Jazz is the new Black! Aujourd’hui, le jazz influence le hip-hop et inversem*nt.»
Si la programmation aborde de nombreux courants du jazz, les artistes féminines auraient pu être davantage présentes. Sur 24 noms à l’affiche, il n’y a guère que trois femmes: la New-Yorkaise Stella Cole, qui s’inspire de Judy Garland, de la Française Kareen Guiock-Thuram et Olivia Hardy de Wasia Project.
Parité des artistes
En comparaison, le festival de Marciac a invitéAngelique Kidjopour fêter ses 40 ans de carrière cette année, Imany, la batteuse Anne Paceo, Kareen Guiock-Thuram, la bassiste Kinga Glyk, la chanteuse sud-coréenne Youn Sun Nah, le groupe féminin Artemis et Zoé Colotis la chanteuse du groupe Caravan Palace.
À Nice, les éditions 2022 et 2023 affichaient de nombreuses artistes féminines dont Melodie Gardot, Clara Luciani, Juliette Armanet ou Anne Pacéo. «Nous défendons la parité depuis treize ans, ce point est vraiment au cœur du festival, explique Sébastien Vidal. Pour cette édition, nous avions invité plus de six artistes féminines dont PJ Harvey, The Last Dinner Party, Cecile McLoorin. Soit elles n’étaient pas disponibles, soit elles n’étaient pas en tournée ou pas en Europe. Notre choix est limité car la spécificité du Nice Jazz festival est d’inviter des artistes dans l’actualité de ces six derniers mois. Par rapport aux autres éditions, cette année, nous n’avons juste pas eu de chance avec les sorties d’albums.»
Au-delà du Nice Jazz Festival, la ville entend remettre la musique au premier plan. Plusieurs grands noms du métier, dont Sylvain Quimène alias Gunther Love ou Sévan Barsikian, cofondateur de My Major Company, s’y sont installés. Marie-Paule Belle, le groupe électro rock Hyphen Hyphen, la chanteuse Santa, le DJ Tristan Casar dit «The Avener», le collectif Bon Entendeur ou encore le guitariste Medi & the Medicine Show viennent de la Baie des Anges et la ville veut se donner les moyens d’accueillir artistes émergents comme stars internationales. Et ce tout au long de l’année. Pour cela, il fallait pouvoir proposer une gamme d’équipements correspondants à la notoriété de chaque artiste.
D’abord, le Stade où 55000 spectateurs ont assisté début juillet au méga show de la star du rap américain Travis Scott, son unique date dans l’Hexagone. Le Nikaïa (9500), le Théâtre de Verdure (3500), le théâtre Lino-Ventura (700 places), le BlackBox (285places), l’Altherax Music (200 place), l'espace Grappelli (195 places). Dernière salle en date, le Stockfish (600 places) au cœur de la Maison de l’Étudiant dont la direction artistique est gérée par Gunther Love. «Avec l'ouverture du Stockfish, une petite salle destinée aux artistes émergents, nous avons désormais six lieux majeurs de concerts, estime Graig Monetti, adjoint (Horizon) à la mairie en charge de l'Événementiel.
L’histoire entre Nice et les artistes internationaux remonte à 1948. Par le jazz justement. Pendant la guerre froide, entre 1948 et 1967, les ports azuréens accueillent un nombre important de navires appartenant à la VIe flotte des États-Unis. Chaque escale est l'occasion, pour les équipages, de se reposer et de découvrir la région. Villefranche-sur-Mer devient le port d'attache du navire amiral de la flotte américaine. Ses officiers rejoignent, à chaque retour de mission, leurs familles installées dans la commune et ses environs. Cette petite Amérique commence par aller applaudir Louis Armstrong à l’affiche de l’Opéra de Nice. À la fin des années 1960, Ella Fitzgerald se produit au théâtre de Verdure. Duke Ellington, Miles Davis, Sunny Rolling , Count Bassie lui succèdent. «Des générations de Niçois prennent l’habitude d’aller écouter les stars du jazz, raconte Graig Monetti. Vers 2010, le public local se déplace moins, les prix sont trop chers. La mairie reprend le Festival en régie.» Ces quatre dernières années, le festival peine à dépasser la barre des 45.000 spectateurs. "Soyons clairs, ça n'est plus la référence européenne que c'était. Mais ça va le redevenir, défend l'adjoint. Son remède? "Une programmation forte avec les plus grandes productions. L'objectif pour les prochaines années, c'est de rivaliser avec Rock en Seine (Paris), Coachella (Californie), Montreux (Suisse) ou le Burning man (Nevada)." Des géants qui drainent entre 150.000 et 200.000 spectateurs. Basée sur du 100% live, sans playback ni DJ Set avec clé USB, la programmation évolue. «Nous défendons l’émotion, le»moment unique« où il se passe quelque chose comme par exemple le guitariste qui s’enflamme. L’idée est d’avoir un concert toutes les trente minutes en alternance entre les deux scènes séparées de 300 mètres, celle place Massena et celle au Théâtre de Verdure où les places sont assises», détaille Graig Monetti. Pour attirer les familles, le festival propose un club pour les enfants baptisé Ramène ta Fraise, un restaurant à la carte, un bar à co*cktail et deux fois plus de toilettes.
